Marcel Amoko, journaliste international camerouais est attristé par l’état dans lequel se trouve la famille du volleyball camerounais jadis unie. L’ancien attaquant et dirigeant de la Ligue Régionale de Volleyball du Centre a répondu à nos questions jeudi 26 janvier 2023 à Yaoundé, lors des élections qu’il a organisé pour passer la main à un nouvel exécutif de l’organe qu’il présidait jusqu’à là.

Bonsoir monsieur Marcel Amoko

Bonsoir Martial

La tension est palpable au sein de la famille du volleyball camerounais depuis le début du processus électoral de la Fédération Camerounaise de Volleyball. Et vous le savez d’ailleurs mieux. Vous étiez au départ de cette histoire avant de vous retirer. Aujourd’hui, quelle est votre lecture concernant la situation actuelle du volleyball camerounais ?

C’est une situation déplorable parce que je l’ai toujours dit à tous mes camarades, le sport c’est comme une famille. Si on se retrouve pour la plupart d’entre nous, 20, 25 ans après avoir quitté les stades de volley, c’est simplement parce que la pratique de cette discipline nous a donné les relations qui sont indélébiles qui vont nous poursuive durant toute notre vie donc c’est toujours assez difficile pour moi de voir que dans une même famille qui est celle du volleyball, on ne peut pas trouver un minimum de compromis ou de terrain d’entente pour faire fonctionner la discipline et surtout la passion qui est la nôtre. Parce qu’en fait c’est de ça qu’il s’agit comme dirait quelqu’un. Si nous sommes encore là jusqu’aujourd’hui c’est parce que nous avons profondément aimé cette discipline, parce qu’elle nous a permis de nouer les relations humaines, parce qu’elle a accompagné durant toute notre jeunesse, qu’elle continue de nous accompagner puisque nous suivons les matchs. Donc c’est assez compliqué de se rendre compte que ce qui a fait notre union, aujourd’hui est source de division. Donc c’est une situation que je déplore personnellement mais bon, je pense qu’à un moment donné il faudra que les différentes forces s’assayent pour trouver un terrain d’entente ou un compromis pour l’intérêt du volleyball et de la famille sportive du volleyball camerounais.

Vous êtes de l’exécutif sortant de 2013, président de la Ligue Régionale de Volleyball du Centre. Ce mandat à ”polémique” on ne reviendra pas dans les détails, vient juste de s’achever. Quel bilan président ?

Mais il n’a pas de bilan (rire)

Pourquoi ?

Il n’a pas de bilan justement parce que ces divisions qu’on vit aujourd’hui ont commencé en 2013. Je me souviens que c’étaient encore plus violant en 2013 mais comme je le dit toujours, je pensais qu’il fallait se placer au dessus des intérêts qui peuvent parfois sortir du cadre du sport. Donc que, à un moment donné, j’ai constaté que bien qu’étant élu président de la Ligue Régionale de Volleyball du Centre, il y avait une autre candidature qui avait été privilégiée, celle du Dr Elias Matip. Je n’ai pas voulu m’engager dans les batailles inutiles donc, je me suis retiré en disant, ce qui m’intéresse c’est que le volleyball fonctionne et qu’il travaille pour le volley. Malheureusement on se retrouve 10 ans après quasiment à la case départ, et c’est à l’occasion d’une décision de justice qui me rétablit comme président de la Ligue Régionale de Volleyball du Centre que j’ai pu donc, organiser cette Assemblée Générale qui permet de passer la main à la nouvelle équipe à qui je souhaite beaucoup de succès et de chances.

Justement cette nouvelle équipe peut-être vous la reconnaissez peut-être pas, mais quel regard jetez vous sur elle et notamment sur son président ?

Je connais, je dirais les 3/4 notamment le président et c’est l’une des raisons d’ailleurs pour lesquelles j’ai accepté de leur accompagner dans ce processus parce que je connais son dynamisme, je connais sa passion pour le sport, je connais son humanisme, c’est quelqu’un de rassembleur qui fait fi des conflits, qui a toujours pour objectif de rassembler un maximum de personnes autour de lui et il y a un dynamisme en termes de recherches de sponsors, de capacités à développer la discipline qui font que moi je fonde de gros espoir sur cette équipe. En plus de celà sa vice-présidente, que je connais aussi très bien. C’est une professeure d’Éducation Physique et Sportive qui a une passion qui est celle de la formation et du développement du volley. Donc je me dis avec ce tandem là, il y a déjà deux personnes qui ont suffisamment d’ambitions et suffisamment de qualités humaines, sportives mais aussi managériales pour pouvoir mener le bateau. A côté d’eux j’ai cru comprendre qu’ils avaient d’autres personnes qui sont assez impliquées dans leur domaine respectif notamment le marketing. Comme vous le savez l’argent est le nerf de la guerre, donc que, je suppose que celui qui est responsable du Marketing, de ce que j’ai cru comprendre de son profil a les capacités de mobiliser les ressources. Pareil pour ceux qui vont s’occuper du secrétariat général, en tout cas, moi je trouve que c’est une équipe assez équilibrée, assez ambitieuses avec des personnes qui ont la volonté de bien faire et je pense que si on leur donne la possibilité de travailler ils pourront faire de bonnes choses.

Marcel Amoko lors de son allocution en ouverture des élections

Et ils peuvent toujours compter sur vos conseils…

Évidemment ! Moi je l’ai toujours dit en tout cas, je n’ai pas de camp dans le volleyball. Si vous vous renseignez, vous verrez bien que je n’ai pas d’inimitié avec des personnes notamment dans la pratique de ce sport. En tout cas, tous ceux que j’ai connu dans le volley, que ce soit l’équipe sortante, Majoré et le reste, que ce soit du côté d’Abouem, pour moi c’est le volleyball qui est au-dessus de toute chose et surtout l’Association, la solidarité et cette vie en commun que nous avons construite et qui devait perdurer. Donc pour moi je pense que si tout le monde est animé de cette esprit là, il n’a pas de raison que ça ne marche pas.

Alors on va sortir avec le président Abouem. Il sera sans doute candidat à sa propre réélection 10 ans après, est ce que vous pensez qu’il est toujours l’homme de la situation?

Alors moi je fais partir des premiers qui l’ont soutenu en 2013 parce que je pensais qu’il fallait donner un souffle nouveau à la Fédération Camerounaise de Volleyball. Majoré Timba venait de passer 16 ans à la tête de la Fédération et on avait le sentiment qu’il y avait une sorte d’essoufflement et donc j’étais de ceux qui pensaient qu’il fallait donner un souffle nouveau. J’ai soutenu Abouem et je pense que 10 ans après lorsqu’on regarde son bilan, il est plutôt flatteur. Évidemment tout n’est pas parfait. On ne peut rien la perfection n’est de ce monde.

Il y’a des choses à améliorer, il y a les choses dont je parlais tout à l’heure, cette capacité à ramener toute la famille du volleyball autour de notre discipline, de pourvoir continuer à donner la place qu’elle mérite à nos icônes. Il y a les sportifs qui ont fait l’histoire de ce sport, Balace, Petit Jean, Simon et les autres. Je pense que toutes ces personnes qui ont contribué à faire du volleyball ce qui est aujourd’hui, méritent d’être associées dans son fonctionnement. Donc il y a un besoin de réconciliation, il y a un besoin de rassemblement. Je pense que sur ce terrain là, le Président Serge Abouem devrait peut-être essayer d’assoupir un peu parfois ses positions pour donner et tendre la main à ces personnes là. A part celà si on s’arrête aux résultats promptement dit sportifs, il y’a rien à dire. Il y’a absolument rien à dire sur le fait qu’on a atteint le niveau de performance jamais égalé depuis que la Fédération Camerounaise de Volleyball existe. Et je pense qu’il y a les projets sur lesquels il est entrain de travailler notamment au niveau de la jeunesse. Là où nous sommes (Collège Bilingue Johnston ndlr), je pense que c’est une première au Cameroun. Un lieu où on peut allier sport de haut niveau et études. Ce sont les initiatives qui méritent d’être encouragées.

Il faudrait peut-être qu’on lui laisse encore le temps, peut-être un mandat encore pour aller au bout de ces projets et puis après nous verrons mais pour moi je pense qu’il est peut-être encore à ce stade ci, au vu des projets, au vu des chantiers, au vu de la dynamique qu’il a impulsé jusqu’à présent, qu’il a encore à donner et il faudrait peut-être qu’on lui donne cette chance de continuer le travail qu’il a commencé.

Vous êtes plus connu notamment par notre génération comme excellent journaliste. C’est quoi en quelques mots pour sortir définitivement de cet entretien, votre parcours en tant que volleyeur ?

Merci ! Alors moi j’étais attaquant, j’ai joué à l’époque les Jeux du Sud…, j’imagine que vous ne les avez pas connu. J’étais d’abord au Sud-ouest. J’ai longtemps été le capitaine de l’équipe du Sud-ouest, en suite j’ai joué au Littoral avec Amacam et on a été champion du Cameroun en 86. A Amacam justement j’ai joué avec Jean René Akono qui est le coach de l’équipe nationale féminine, Gerard, j’ai joué avec Balace comme adversaire etc. Et puis après Amacam j’ai joué au YUC, Yaoundé Université Club, où j’étais l’un des piliers de cette équipe pendant des nombreuses années avant de partir en Europe.

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