En rang dispersé depuis fin 2022 suite aux conflits de leadership à la tête de la Fédération camerounaise de volley-ball, Willy Tiedjop a réussi le pari de réunir, ne serait-ce qu’un temps, toute la grande famille du volley-ball camerounais autour de son projet SBS Sports and Education. Le médaillé d’or aux Jeux africains de 1999, passé par Chaumont, Ajaccio, LISSP Calais et AS Monaco en France, a distribué du matériel, dont plus de 300 ballons de volley-ball évalués à plusieurs millions de francs CFA dans plusieurs villes du Cameroun, marquant ainsi un nouveau départ pour la promotion du volley-ball chez les jeunes. Dans un entretien exclusif, l’ancien international camerounais nous parle de son projet, évoque ses motivations et ses espoirs pour l’avenir du volley-ball camerounais.
Bonjour monsieur Tiedjop, premièrement qu’est-ce qui vous a motivé à organiser cette tournée au Cameroun, et comment les villes et centres ont-ils été choisis ?
Écoutez, ce n’est pas sorcier. La motivation première est de redonner au volley-ball ce que le volley-ball nous a apporté. Auparavant, on a vu des compatriotes, des anciens coéquipiers, mener des projets dans ce sens. L’idée, pour moi, était de faire quelque chose de différent qui pourrait être pérennisé. Ce n’est pas simplement d’offrir des ballons aux centres de formation, c’est de dire : « Okay, après avoir offert ces équipements, qu’est-ce qu’on en fait des enfants ? » Donc, c’est un peu ça qui m’a motivé. On accompagne les enfants, on suit les meilleurs, on essaie d’être des facilitateurs pour qu’ils obtiennent des bourses d’études aux États-Unis et assurent leur avenir.
Les centres ont été retenus simplement par leur présence sur les réseaux sociaux. Ça peut paraître un peu anodin, mais j’ai vu ces acteurs performants à travers les réseaux sociaux, et je suis entré en contact avec eux. J’ai posé des questions à des gens qui les connaissaient, et j’ai décidé de travailler avec ceux-là.
Quels sont les chiffres clés de la tournée en termes de nombre de villes parcourues, de centres reçus et de nombre de ballons distribués au total ?
Nous avons été à Yaoundé, nous avons eu les équipes venant de Bertoua, de Bafia, Mbalmayo et, bien évidemment, des académies de Yaoundé. On a eu plus de 150 enfants à Yaoundé, et on a distribué plus de 120 ballons pour la première journée à Yaoundé, le 14 décembre. Ensuite, nous nous sommes dirigés vers la région de l’Ouest, où on a fait des dons au Lycée de Batoufam. On leur a offert un filet neuf, des ballons de volley, une dizaine environ. Ensuite, on s’est rendu à Bangoua, où on a offert une plateforme pour jouer au volley avec du matériel adéquat, des ballons (près de 20) et des filets. Et la tournée principale de l’Ouest s’est tenue à Bangangté, le 21 décembre, où on a réuni 6 académies : Babadjou, 2 académies de Bafang, Tonga, Bangangté… J’espère que je n’oublie aucune. Et là, on a dû distribuer à peu près 80 ballons. Au total, dans la région de l’Ouest, on a distribué plus de 100 ballons. On a terminé dans la région du Littoral, à Douala, le 28 décembre. Là, aux académies, on a distribué à peu près 60 ballons. Mais ce qui est important à souligner, c’est que des gens qui n’étaient pas invités venaient demander le matériel. Une cinquantaine de ballons a été distribuée aux amis qui tiennent des écoles de volley ou des équipes. J’ai un monsieur qui est parti de Tiko juste pour deux ballons. Sur tout le projet, on a distribué à peu près 300 ballons.
Quel était l’état d’esprit général des acteurs que vous avez rencontrés sur le terrain lors de la tournée ?
Honnêtement, j’ai été agréablement surpris, car tout le monde a épousé le projet. Nous tous, on connaît l’ambiance qui règne actuellement au sein du volley-ball camerounais. Mais j’ai l’impression que ma stratégie, qui n’était pas pensée au départ, a marché. Pour moi, c’était juste réunir les amoureux du volley ensemble. Il s’avère que c’était un mélange de plusieurs fractions, et à la fin, tout le monde a épousé le projet. Les enfants, j’espère qu’ils étaient contents, parce que je ne peux pas parler pour eux. C’est à eux de dire ce qu’ils en pensent du projet SBS Sports and Education, mais moi, à première vue, je pense qu’ils étaient contents, vu les témoignages et les retours.
Que dire en termes d’objectifs ?
L’objectif de la tournée a été atteint. C’était de rassembler le plus grand nombre d’enfants, ça, c’est indéniable, ça été atteint. On n’a pas eu d’incident majeur. Sauf mes poches qui ont pris un coup, et je ne regrette pas du tout, mais l’objectif en lui-même pour cette campagne a été atteint. Maintenant, l’objectif général à long terme, on a détecté les filles. Elles sont environ 7. J’ai reçu la liste. Ce sont des enfants qu’on doit suivre leur évolution sur le plan académique et sur le plan sportif aussi. Elles ont entre 13, 14 et 15 ans. On doit les suivre jusqu’à l’obtention du baccalauréat. Il y aura des évaluations trimestrielles, semestrielles et voir annuelles jusqu’à l’obtention de leur baccalauréat. Et si elles ont le niveau requis sur le plan académique et sportif, nous serons, j’insiste là-dessus, nous serons des facilitateurs. Nous n’octroyons pas des bourses d’études. Nous sommes des facilitateurs pour que ces enfants obtiennent des bourses d’études auprès des universités américaines.
Il y a eu un fait marquant qui s’est produit lors de votre première tournée, c’était à Yaoundé, où monsieur Julien Serge Abouem a pris part à l’événement, ces photos avec vous sont arrivées sur les réseaux sociaux et les commentaires en ont suivi. Et certains ont même allégué que monsieur Bello Bourdanne était très remonté et aurait menacé de vous chasser des lieux…
C’est faux et archi faux. Monsieur Bello Bourdanne n’a jamais menacé de me chasser. On a eu une conversation, effectivement, à propos de la présence de monsieur Julien Serge Abouem à l’événement. Il faut le souligner, parce que les gens ont dit beaucoup de choses qui n’étaient pas totalement vraies. J’aimerais vraiment clarifier, que ça soit du côté de monsieur Serge Abouem ou du côté de monsieur Bello Bourdanne, ils ont été très professionnels avec moi. Monsieur Bello était au courant des événements que je devais organiser, monsieur Abouem était également au courant, et tous les deux m’ont accompagné à leur manière pour que l’événement se passe super bien. Monsieur Julien Serge Abouem, c’est un très grand commis de l’État, un monsieur qui a fait beaucoup de choses pour le volley-ball camerounais. On n’est pas là pour détruire un et faire prospérer l’autre, ce n’est pas le but. Donc, j’aimerais que ça cesse, et si les gens veulent des informations correctes, qu’ils se dirigent vers moi ou vers les personnes concernées. Le volley-ball camerounais, c’est une grande famille, monsieur Bello et monsieur Abouem sont des frères. Ils ont travaillé ensemble par le passé. Et comme on dit, quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre. J’insiste là-dessus, les deux ont été corrects, et c’est le volley-ball qui a gagné.
Considérant l’ampleur de l’initiative, certaines personnes se demandent si monsieur Tiedjop ne prépare pas le terrain pour briguer un poste à la FECAVOLLEY ou alors pour faire son entrée en politique au Cameroun ?
Non ! Il ne faut même pas rêver. C’est loin d’être dans mes objectifs à court, moyen et long terme. Il n’y a rien de campagne, rien de politique. Je n’ai aucunement besoin d’être associé de près ou de loin à la Fédération en tant que dirigeant, politique non plus. Mon feu papa me disait toujours : « Le développement n’est viable que quand il est global. Si vous voulez briller, faites briller les autres, et vous allez briller en retour. » Donc, ce sont ces valeurs qui m’animent, et je veux simplement rendre à la jeunesse ce que le volley a fait pour moi. Et ce n’était pas gagné. Si on est là aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’on est trop fort ou plus intelligent, la nature nous a beaucoup aidé, et il faut savoir comprendre la nature quelquefois. Donc, il n’y a aucun projet politique. En revanche, je suis déjà en train de réfléchir à comment on va faire mieux la prochaine fois.
Justement, parlant de la prochaine fois, vous avez évoqué plus haut que les centres de formation qui n’ont pas été associés au projet cette année (on pense notamment à The Queens Volleyball Academy, un jeune centre plein d’ambitions) ne seront pas toujours exclus pour les prochaines fois. Comment doivent-ils entrer en contact avec vous ?
Mon contact n’est pas caché. Tous les responsables des centres actuels ont mon contact, et je suis très ouvert. Sur Facebook, Willy Tiedjop, j’ai un téléphone local qui marche aussi bien aux États-Unis qu’ici, par WhatsApp. Et puis, je ne viens pas en sauveur du monde. Je ne peux pas aider tout le monde. On fera toujours à la limite de nos capacités, mais si l’opportunité se présente, on va accompagner beaucoup plus de centres.
Pour sortir, quels conseils ou messages à transmettre aux responsables des centres qui ont reçu le matériel de SBS Sports and Education ?
J’ai appris avec beaucoup de déceptions que certains acteurs du volley-ball, quand ils recevaient les ballons de volley-ball ou alors du matériel de façon générale, ils revendaient à d’autres collègues. J’ai trouvé ça vraiment pathétique. Et pour ceux qui ont reçu mon matériel, vraiment, je leur dis de grâce, qu’ils fassent bon usage. Et on vit dans un petit monde, si demain ou après-demain j’apprends que l’un de ces responsables a vendu le matériel que nous avons offert, bien évidemment, cette personne sera exclue de notre liste. Il n’aura pas d’état d’âme.
Crédit photos : SBS Sports and Education
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