Championne d’Afrique 2017, olympienne 2016 et double mondialiste 2014 et 2018 avec l’équipe féminine de volleyball du Cameroun, Victoire Ngon Ntame, est désormais attachée au club féminin des Forces Armées et Police. En plus d’être joueuse, l’ancienne lionne indomptable (Libéro) et présidente de la commission des athlètes au sein du Comité National Olympique du Cameroun tient l’équipe junior de cette formation avec son diplôme d’entraîneur FIVB niveau II. La joueuse qui fêtera ses 37 ans en décembre prochain continue de faire jouer son expérience et son caractère pour influencer le jeu du club seniors. Interviewée par Cam Volley en semaine, elle a évoqué les déboires de la saison passée, la raison de sa retraite internationale et l’équipe du Cameroun au mondial 2022
Le temps ne semble pas avoir de prise sur vous. Au-delà de l’âge votre engagement dans le jeu n’a carrément pas baissé. C’est quoi la recette madame Victoire Ngon Ntame ?
C’est une hygiène de vie d’abord. Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne sors pas. Donc, il y’a quand même une discipline personnelle, une discipline de vie et puis l’abnégation au travail. Avec moi c’est la loi du tout ou rien. Ou je fais ou je ne fais pas et quand je suis déjà sur un terrain autant mieux me donner à fond.
Après plusieurs années au top niveau notamment avec l’équipe nationale mais vous êtes toujours avec FAP comme si vous protégez certaines choses au sein de ce club. Est-ce que vous vous considérez comme la gardienne du temple de FAP?
Non je ne suis pas à FAP depuis, c’est en 2019 que j’intègre l’équipe. C’est vrai que je suis sur le terrain depuis et c’est ma quatrième année à FAP et aujourd’hui je suis coach joueuse donc que, je suis là, non plus pour trop jouer comme il faut jouer mais pour encadrer les jeunes, pour leur aider à atteindre le sommet et donner le meilleur d’elles-même. Donc je suis là juste pour aider et former aussi les jeunes.
Depuis la saison passée on a l’impression que vous portez l’équipe sur plusieurs plans.
Comme je vous ai dit tout à l’heure chez moi c’est la loi de tout ou rien. Si je suis sur un terrain je ne fais pas semblant, je joue ou je ne joue pas. Et si je ne joue pas je suis dehors, si je joue je dois donner le meilleur de moi. Maintenant dire que porter une équipe non ! Une équipe c’est six joueuses donc six personnes. Si je n’ai pas de réception, ni de passeuse, je ne pas faire l’attaque et si, il n’a pas de libéro pour défendre le ballon, le ballon ne serait pas en l’air pour qu’on joue donc c’est une équipe et je sais me fondre dans l’équipe, je sais m’adapter à tout type d’équipe. Voilà, tout le monde essaie de donner ce qu’il a. Peut-être de mon côté comme vous avez eu à me voir tout le temps c’est encore plus visible mais c’est le travail d’une équipe.
Malgré cet esprit d’équipe, les choses n’ont malheureusement pas marché pour FAP la saison dernière. Vous avez perdu un peu de partout sauf au championnat de la zone IV dont vous remettez votre titre en jeu dans quelques jours. Qu’est-ce qui a fait problème ?
Je pense que nous avons péché sur les détails et au haut niveau ça paie cache quand on n’est pas rigoureux sur les détails. Du coup au championnat national ça n’a pas été et en coupe aussi donc les objectifs n’ont pas été atteints sur le plan national et sur le plan international nous sommes montées de deux rangs à la Champions Ligue Africaine avec une 5e place, la derrière fois on était 7e et c’était quelque chose de magnifique et au niveau de la zone IV, Dieu merci, nous avons pu sauver la saison avec un trophée et là, nous travaillons pour conserver notre titre. On rappelle que c’est notre troisième challenger de la zone IV et on espère atteindre cet objectif si tout se passe bien.
Le club affiche pas mal de niveaux visages et des jeunes joueuses cette saison, associés aux anciennes ce mixage présente-t-il déjà les premiers signes du résultat escompté ?
On ne doit pas dire que la mayonnaise a pris puisqu’il n’a pas longtemps comme on a commencé à se préparer. C’est au fil du temps, plus la saison va avancer plus on va voir le niveau réel de chaque joueuse. Pour le moment, c’est vrai il y’a des jeunes joueuses qui sont venues de l’équipe junior que je tiens, je les ai fait monter pour qu’elles essaient aussi de se frotter avec les seniors et il y’a aussi des nouvelles qui viennent de d’autres équipes. Vous voyez qu’il faut retravailler la cohésion du groupe même si c’est vrai que le noyau dur de l’équipe est en place. Mais il y’a beaucoup de choses qu’il faut travailler et on espère que plus le temps doit passer plus la mayonnaise va prendre.
Est-ce que l’équipe nationale du Cameroun vous manque ?
Non pas du tout ! C’était un choix personnel d’arrêter avec les sélections nationales parce que vous ne pouvez pas imaginer l’énergie, le temps, les sacrifices qui sont derrière tout cela et après, nous sommes des femmes faut pas l’oublier on a besoin de faire nos vies. Vous voyez que je ne suis pas la seule à être partir. Vous vous imaginez qu’on a passé, 10 ans sans avoir de vacances? C’est impossible ! C’est inhumain ! Des gens voient des résultats mais ils ne savent pas les sacrifices qui sont derrière. Du coup quand le moment arrive de partir vraiment c’est sans regret ni manquement de quoi que ce soit non ! Et je n’aime plus qu’on me pose cette question parce que, à un moment il faut que les choses s’arrêtent pour qu’un cycle s’achève, et un autre continue donc que l’équipe nationale c’est une page qui s’est fermée depuis déjà trois ans et on n’en parle plus. Maintenant on est dans la formation, on est concentrée vers d’autres objectifs, on a des athlètes à gérer, des entraînements à gérer et les centres de formation à faire tourner donc vous voyez que, il y’a tellement à faire qu’on ne peut pas se focaliser sur l’équipe nationale.
Il y’a une génération qui est là, donnons-leur une chance de faire leurs preuves, qu’elles soient bien encadrées, que les pouvoirs publics mettent les moyens en jeu pour que le Cameroun retrouve le niveau que nous avons laissé parce que ces jeunes sont prometteuses. Il suffit qu’elles soient bien encadrées, fassent les stages que nous avons pu faire et qu’elles soient dans les coordinations idoines de production de la performance et je pense que vous allez vite nous oublier.
Un mot sur leur prestation au récent mondial ?
J’ai été vraiment satisfaite de certaines joueuses notamment les plus jeunes. A leur entrée en compétition j’ai été bluffée. Je pense que si, il y’a un encadrement suivi et des conditions optimales de préparation, dans trois ans, on peut commencer à attendre les résultats de cette génération. Pour leur prestation au championnat du monde, je n’ai pas été mécontente parce que pour plusieurs c’étaient leur première compétition internationale et certaines qui n’étaient pas titulaires quand nous étions là, prendre les devants d’un coup ce n’est pas évident. Quand vous avez tout le temps été reléguées au deuxième plan, prendre les responsabilités et être leader ce n’est pas donné. Et j’ai été aussi agréablement surprise par leur capacité à gérer cela, je pense que cette équipe comme je l’ai dit plus haut avec les moyens, elle pourra faire les résultats d’ici trois ans. Il faudrait que le public camerounais soit patient parce que chez nous, c’est la patience qui nous manque.
La performance se construit, on ne se lève pas un matin pour l’avoir non ! Elle se construit sur des années et au bout de 5 voire 6 années on récolte le résultat de ce qui a été fait en amont.
Merci
Je vous en prie !
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