Il est l’un des acteurs majeurs ayant propulsé le désormais ex-volleyeur Nathan Wounembaina au sommet de la gloire. Jérôme François, ancien volleyeur et promoteur du club SMNC de Ngaoundéré retrace la carrière d’un volleyeur exemplaire qui a marqué l’histoire du volleyball camerounais.

    Bonjour monsieur Jérôme François et surtout merci de nous accorder cet entretien. Le recept-attaquant camerounais Nathan Wounembaina a mis un terme à sa carrière lundi dernier et c’est sous vos yeux que démarre l’aventure lorsque vous le recrutez à SMNC de Ngaoundéré. comment les choses s’étaient passées durant son recrutement ?

Son grand frère Simon STEBIA jouait déjà dans l’équipe de Ngaoundéré. Nathan est issu d’une famille de volleyeurs (tous ces frères jouaient, Simon, Charles, Goni). Il jouait déjà au Norvégien (Collège Protestant de Ngaoundéré.  Ndlr) je pense plus jeune mais venait regarder nos matchs de championnat Elite. Il a donc été repéré jeune et a intégré l’équipe SMNC d’abord en tant que remplaçant, il devait avoir entre 16 ou 17 ans. Il s’entrainait avec nous puis a joué de plus en plus pour être enfin repéré par d’autres dirigeants lors de nos déplacements du championnat national.

    A SMNC est-ce que Nathan laissait déjà les traces d’une telle carrière accomplie en deux décennies ?
Nathan jouait de temps en temps et avait déjà un physique adapté au volley-ball avec une belle taille. Nathan avait une motivation et un souci de l’engagement et du travail, une belle détente naturelle et une explosivité au-dessus de la moyenne, et une hygiène de vie compatible avec le sport de haut niveau

    Et aujourd’hui, que dire de toute cette carrière marquée par des trophées tant sur le plan collectif qu’individuel ?
Nous sommes juste très fier qu’un enfant de Ngaoundéré ait pu exploser au plus haut niveau. Nathan a pu s’inspirer de ses ainés avec qui il a eu la chance de jouer au plus jeune âge et pouvoir évoluer dans un championnat à l’époque de grande qualité, lui permettant de pouvoir évoluer rapidement. La suite de sa carrière est juste un exemple à suivre pour tous les autres nouveaux volleyeurs camerounais. Nathan a en effet eu une très belle carrière, qui aurait pu être encore plus belle s’il avait pu intégrer le haut niveau plus jeune. Les années passées à Ngaoundéré lui ont permis d’éclore mais l’environnement n’étant pas des plus favorables, il aurait gagné beaucoup de temps s’il avait pu être suivi dès son plus jeune âge dans un environnement plus professionnel, mais nous avons fait ce que nous pouvions à notre niveau à Ngaoundéré

    Hormis la médaille d’or des jeux africains Rabat 2019, Nathan n’a malheureusement gagné aucun trophée avec son équipe nationale après plusieurs CAN disputé. Ce n’est peut-être pas le point noir de cette riche carrière ?
On ne peut pas parler de point noir dans sa carrière internationale, si l’on considère que le volley-ball est un sport collectif et non individuel. Nathan a évolué en équipe nationale entouré de nombreux joueurs très talentueux, mais dans un encadrement sportif limité, par rapport aux autres nations il me semble. Les petits détails à ce niveau font la différence à la fin.

   Quels sont ces matchs qui vous auront marqués?
A ses débuts, si l’on parle d’un match qui m’a marqué, c’est lorsque nous sommes partis jouer à Niamey avec le PAD, pour la coupe d’Afrique des clubs en 2007. J’étais joueur à ses côtés à l’époque. Nathan a survolé la compétition, se démarquant clairement des autres joueurs participant à cette coupe d’Afrique des Clubs. Je me suis dit ce jour-là, j’espère que Nathan sera repéré par de grands clubs car le potentiel est là
Si je dois parler d’un match lorsqu’il était déjà parti jouer en Europe, je ne parlerais pas de performance de matchs puisque je ne pouvais suivre tous les matchs qu’il jouait : mais je parlerais d’un match qui m’a marqué : un match où Nathan a subi des insultes racistes, j’en ai eu mal pour lui car je l’ai vécu. C’est difficile à accepter et à surmonter, le sport devrait rester un vecteur de transmission de valeurs d’intégration !

    Quels sont vos souvenirs et anecdotes avec Nathan même dans la vie courante ?
Des anecdotes et souvenirs, il y en a plusieurs et ils sont plutôt privés (rires).
Alors je parlerais du dernier en date, lorsque nous nous sommes retrouvés au Cameroun il y a 2 ans, avec d’autres amis volleyeurs, nous sommes sortis en discothèque et avons fumé quelques cigares (visage souriant)
Je me rappelle aussi d’une demi-finale de beach-volley à Kribi lors du tournoi national, nous (Simon Stebia et moi) avions perdu contre Nathan en demi-finale de justesse, sur un point litigieux qui a fait longtemps débat (rires)

    vous l’avez souvent dit, il est la dernière grosse star du volley-ball camerounais après Ndaki. Vous connaissez bien le volleyball camerounais pour avoir longtemps participé à sa développement en tant que dirigeant et joueur dans le septentrion du pays. C’est une discipline comme d’autres qui regorge assez de talents au pays des lions, mais est ce que vous pensez qu’on pourrait avoir un autre Nathan d’ici peu au Cameroun ?
Je pense que oui, de nouveaux grands talents vont arriver. La fédération doit bien entendu continuer à travailler rigoureusement, et mettre en place des moyens, des infrastructures et un championnat plus compétitif et plus intense en terme de nombres de matchs par saison, pour permettre aux joueurs locaux d’acquérir plus d’expérience de compétitions et d’engranger plus de matchs de haut niveau. Concernant mon avis, la future star du volley camerounais sera KAVOGO

     Au moment qu’il referme cette page qui s’est ouverte à Ngaoundéré sous vos yeux. Si vous aviez un message a lui adresser. Ce serait lequel ?
Mon message serait le suivant :
Bravo mon petit ! tu es la fierté de nous les anciens, qui avons fait ce que l’on pouvait à Ngaoundéré pour te faire connaître sur le plan national et permettre à des joueurs comme toi à l’époque de tout simplement voyager et compétir à travers tout le territoire camerounais. Tu peux être fier de toute ta carrière professionnelle exemplaire et je t’attends au Cameroun pour rejouer ensemble en Vétérans, parler ensemble des vieux souvenirs mais dépêche-toi car j’entre dans la catégorie Vétérans +++. Si tu tardes trop, ça se passera plutôt au bar que sur les terrains (visage souriant)

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